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Les Bons Caractères

Les Bons Caractères


CHEVILLE OUVRIERE

Les Bons Caractères est une maison d’édition montée en 2004 par « un
petit groupe de cinq personnes » sans expérience préalable de l’édition,
même si le jeu de mots du nom de la structure révèle que « deux d’entre
nous étaient et sont toujours dans le métier de l’imprimerie ». Leur
ambition était alors et est toujours de contribuer « à la défense des
idées progressistes, laïques, sociales, antiracistes et anti-xénophobes
 » en rééditant des titres introuvables, « aussi bien des romans, des
témoignages, des livres « classiques » marxistes ou trotskystes,
puisqu’on était tous issus de cette mouvance ». Parmi ces titres, Histoire de la sociale-démocratie allemande de 1863 à 1891 de Franz Mehring, Hongrie 1956 de Georges Kaldy, Les damnés de la terre d’Henri Poulaille, mais aussi des textes de Trotsky, Rosmer, Kautsky, aux côtés de témoignages de luttes actuels tels que celle des "soufflés" d’AZF.
D’emblée, le rythme était trouvé : le « choix de départ a été de viser le moyen terme, de privilégier des ouvrages de fond, de ne pas trop essayer de coller à l’actualité, de ne pas s’embarquer dans des projets coûteux. De durer ». Jouer la carte du fond et de l’endurance dans un monde où il faut être
présent partout au même temps pour coller au spectacle et ne s’exprimer
qu’avec ses codes (Twitter et ses 140 signes...), voilà qui ne manque
pas de panache !

La SARL parvient à se maintenir à flot « simplement parce qu’une grosse
partie du travail est fait bénévolement : la maquette, la correction, la
traduction ». La maquette fait partie des tâches réalisées en interne,
là où parfois « les appels extérieurs payants sont devenus
indispensables. Par exemple, pour la traduction de deux ouvrages
récents, nous avons fait appel à des professionnels. Pour un roman
historique traduit du finnois, nous n’avions personne dans nos
connaissances qui possédait ces compétences. Mais grâce à l’appui du
Centre des lettres finlandais (et de celui du CNL), nous avons pu le
financer. Depuis, nous avons eu également l’appui du CNL pour un
témoignage traduit de l’américain ».

Ce fonctionnement leur permet de publier environ cinq nouveau titres par
an dont le tirage varie de 1600 à 2200 exemplaires, répartis en
désormais cinq collections. « Il y a 5 ans, nous avons créé une
collection de poche qui s’appelle "Éclairage". Nous voulions publier des
ouvrages inédits, essentiellement des ouvrages historiques, pour
constituer une sorte de collection de "Que sais-je" engagée. Avec 12
titres, elle marche bien ». C’est même dans cette collection au petit
format et au petit prix que l’on trouve les titres qui ont le mieux
marché : L’opposition communiste en URSS. Les trotskystes et Proche Orient. 1914-2010 ont déjà été réédités. Les deux tomes de L’histoire de
la mondialisation
ont même été réédités deux fois. Autre titre
également réédité : De l’oncle Tom aux Panthères noires, de Daniel
Guérin.

Côté diffusion, Les Bons Caractères sont passés par plusieurs structures du milieu : le Comptoir des éditeurs indépendants,
qui a fini par fermer ses portes il y a quelques mois, Court-circuit,
qui a jeté l’éponge il y a deux ans, et aujourd’hui Hobo diffusion, qui
a repris le flambeau. La promotion dans les médias « est notre point
faible. Nous manquons totalement de visibilité ». Une demi-douzaine de
salons par an, c’est aussi de leur aveu « limité », notamment à cause du
manque de temps.

Par contre, « dès le début, nous nous sommes adressés au public
militant, aux organisations et librairies d’extrême-gauche. En
particulier, nous leur avons proposé nos livres à tarif préférentiel,
sous forme de souscription avant parution. Ces souscriptions ont
recueilli, et recueillent toujours, un certain succès, par exemple
auprès du milieu de Lutte Ouvrière ; de même, nous vendons pas mal
d’ouvrages à leur fête annuelle. La librairie La Brèche [à Paris], liée
au NPA, est la meilleure librairie en terme de vente. De loin ». La
taille humaine, la proximité, ça au moins ça reste fiable. « Le seul
monde de l’édition qui nous intéresse, ce sont les éditeurs militants
comme nous, qui ont le même souci de mettre à disposition de ceux qui
veulent comprendre le monde pour le changer, des outils qui ont la forme
de livres. Ce monde-là, quelles que soient les difficultés financières,
quelques soient les flux ou reflux du mouvement social, ces éditeurs-là
seront toujours indispensables ».