« Certes, il y a une crise de l’énergie, mais la vraie crise est la crise de la sagesse humaine. »
Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994) est un économiste et mathématicien né en Roumanie, dont l’œuvre s’impose comme incontournable pour concilier économie et écologie.
Dès le début des années 1960, il appelle à une réforme profonde de la science économique pour prendre en compte l’épuisement des ressources. Il fonde alors la bioéconomie, qui invite à poser un cadre nouveau pour appréhender le fonctionnement des économies au sein de la biosphère : face aux limites planétaires, il nous faut cheminer vers une économie de suffisance guidée par la sobriété.
Sylvie Ferrari met ici en lumière ce penseur singulier, économiste écologiste avant l’heure, qui a offert à la décroissance un cadre conceptuel et théorique pour accompagner un changement de société aujourd’hui plus que nécessaire !
Qui était Jacques Vaché, celui à propos duquel André Breton a écrit : « il est surréaliste en moi » ? Météore dans le ciel des révoltes logiques, poète et artiste sans œuvre mais non sans destin, Jacques Vaché a durablement marqué de son empreinte l’invention de l’esprit moderne. Dans ses Lettres de guerre il initie en effet le fondateur du surréalisme à une autre manière d’appréhender sensiblement le monde et l’invite avec Umour (sans « h ») à refonder poétiquement la vie.
Entre évocations épistolaires du quotidien de la guerre et fulgurances poétiques adressées du front à différents correspondants, le film s’attache à restituer l’itinéraire biographique et intellectuel de celui qui deviendra l’incarnation mythique de l’esprit de « désertion » à l’origine de Dada et du surréalisme - de son adolescence révoltée à Nantes à sa tragique et controversée disparition dans cette même ville en 1919.
« Ils sont morts cent dix fois
Pour que dalle et pourquoi ?
Avec l’amour au poing
Sur la table ou sur rien
Avec l’air entêté
Qui fait le sang versé
Ils ont frappé si fort
Qu’ils peuvent frapper encore »
— Léo Ferré , « les Anarchistes », 1968
13h-15h BALADE DANS LES PAS DES EN-DEHORS
Montmartre
Avec Anne Steiner, auteure de Les En-dehors [L’échappée]
Balade sur les traces des anarchistes individualistes, à la découverte des lieux où ces « en-dehors » ont vécu, aimé, expérimenté et combattu sur la Butte Montmartre, terre d’accueil de toute une jeunesse bohème et révoltée dans les décennies précédant la grande guerre.
Départ à 13h devant le siège du Libertaire, au 15, rue d’Orsel, métro Barbès Rochechouart.
Durée : 1h30
Gratuit mais réservation obligatoire en envoyant un mail à quilombo@globenet.org
14h-20h SALON DU LIVRE NOIR ET ROUGE
Impasse CICP
Les éditions Noir et Rouge nous font l’amitié de déménager de l’impasse Crozatier, où ils organisent régulièrement des salons où bon nombre d’entre nous se retrouvent pour dénicher des ouvrages épuisés ou non, à petit prix toujours. Tout au long de la journée, ils proposeront une grande sélection d’ouvrages d’occasion, consacrés à l’histoire du mouvement libertaires, des différents courants révolutionnaires et à la littérature anarchiste.
16h DÉBAT SUR LES RACINES LIBERTAIRES DE L’ÉCOLOGIE
Quilombo
Avec Patrick chastenet auteur de Les Racines libertaires de l’écologie politique [L’échappée]
Les cinq penseurs présentés dans ce livre – Élisée Reclus, Jacques Ellul, Bernard Charbonneau, Murray Bookchin, Ivan Illich – partagent le même amour de la liberté et de la nature. Trois se réclament de l’anarchisme, deux en sont proches, tous ont enrichi le terreau libertaire de l’écologie politique.
18h PETIT VOYAGE EN ANARCHIE
Quilombo
Avec Marianne Enckell auteure de Une Petite histoire de l’anarchisme [Nada]
Dans ce livre, Marianne Enckell, historienne et animatrice du Centre international de recherches sur l’anarchisme de Lausanne, nous emmène sur les traces de ce mouvement depuis ses origines jusqu’à nos jours, abordant en particulier son aspect international et sa dimension culturelle.
19h30 BANQUET ANARCHISTE
Quilombo
Banquet autour de la salade basconnaise, élaborée au sein de la communauté anarchiste végétalienne
fondée en 1911 à Bascon dans l’Aisne, devenu plat fétiche du foyer végétalien de la rue Mathis à Paris.
20h30 PROJECTION DE NI DIEU NI MAÎTRE
CICP
Avec Tancrède Ramonet [réalisateur], Claire Auzias et Frank Mintz.
Projection du dernier volume du film Ni Dieu ni maître (Arte) qui comprend les épisodes 3 : « Des Fleurs et des pavés (1945-1969) » et 4 : « Les Réseaux de la colère (1968-2012) »
Ni Dieu ni maître est une série documentaire réalisée par Tancrède Ramonet, racontant pour la première fois, à partir d’images d’archives inédites ou méconnues et d’entretiens avec des historiens du mouvement social, l’histoire pleine de bruit et de fureur d’un mouvement qui ne cesse de susciter le fantasme et de provoquer le malentendu.
Marseille, années 1950. Diaw Falla, docker sénégalais, vit à Belsunce, le « petit Harlem marseillais », et travaille sur le port en compagnie de nombreux ouvriers africains. Menant une existence précaire, il rêve d’écrire et de publier son premier roman, Le Dernier voyage du Négrier Sirius. Son existence bascule le jour où il confie son manuscrit à une amie écrivaine.
Publié en 1956, ce premier roman de Sembène Ousmane est un déchirant cri d’amertume qui fait écho aux romans marseillais de Claude McKay dans sa soif de liberté, sa défense des luttes sociales et son refus d’accepter l’étroitesse des préjugés raciaux. Le Docker noir résonne également avec Native son de Richard Wright et L’Étranger d’Albert Camus, dans sa description d’un personnage moins condamné pour son délit que pour ce qu’il représente aux yeux de la société française de l’après-guerre. Cette édition est enrichie d’archives, d’écrits poétiques inédits et de contes écrits par l’auteur à Marseille.
Sembène Ousmane est né en Casamance en 1923. Tour à tour mécanicien, maçon et tirailleur dans l’armée coloniale, il débarque clandestinement à Marseille où il devient docker. Son séjour dans la ville (1946-1960) est une étape décisive d’intense activité militante et intellectuelle. Il y écrit ses trois premiers romans et participe activement aux activités de la CGT, du parti communiste, de la FEANF ou du MRAP.
Son retour en Afrique marque le début d’une riche carrière cinématographique et littéraire. Sembène Ousmane est décédé en 2007, laissant derrière lui une œuvre insoumise, au service d’une Afrique libre.