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La Digitale

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Formées en 1980 en association, puis en EURL, et de nouveau en association, par un petit groupe de militants plutôt communistes libertaires blasés par les conditions de leur époque, l’apologie du golden-boy et autre self-made-man, les éditions La Digitale publient originellement Solutions sociales de J.-B.-A. Godin. « Nous voulions faire publier chez d’autres des réalisations communautaires dans la vie concrète, mais ça a été un échec sur tous les plans, l’heure était au capitalisme pur et dur, alors nous avons fait une maison d’édition ». Aujourd’hui seul un des membres de ce noyau originel, Jean-Jacques Cellier, a continué l’aventure. Il fait « la composition, l’impression et les couvertures, avec un comité de lecture de 3 à 4 personnes » et sans salarié.

En moyenne La Digitale publie entre 2 et 4 livres par an, tirés à 1000 ou 2000 exemplaires chacun. Femmes de Plogoff a été le plus gros tirage : un premier à 3000 exemplaires, puis un second à 2000 ex., soit un joli succès. Un titre comme Combats pour la liberté de Pavel et Clara Thalmann avec le temps a bien marché aussi, mais par contre Les Funambules De L’Histoire de Claire Auzias, sur le statut accordé aux Tsiganes, a été la grosse déception : « il faut dire que l’on était en pleine phase sécuritaire (qui continue !) » La diffusion est assurée par Dif’Pop depuis quelques années après plusieurs aventures malencontreuses. Les services de presse sont fait en général sans grand espoir mais la participation aux salons, elle, est volontaire, surtout s’ils sont petits et qu’ils ont un « mètre linéaire abordable ! »

Ce qui fait la saveur particulière des livres de La Digitale, c’est qu’ils sont pour leur grande majorité imprimés non pas en offset mais avec des vrais caractères au plomb. Le ravissement du bibliophile est aussi très cohérent avec la démarche politique globale – il faut dire que la structure associative des éditions se confond avec l’imprimerie Cellier, coopérative : « J’ai commencé au plomb, j’ai 62 ans, je ne vais pas changer maintenant, et l’offset nécessite une division du travail, des rapports différents… » S’il imprime aussi des textes pour d’autres petits éditeurs c’est surtout le catalogue de La Digitale qui en bénéficie. C’est-à-dire différents livres, notamment de l’histoire sociale et politique – Barcelone 36 d’Abel Paz, Souvenirs d’Anarchie de Rirette Maîtrejean, Solutions sociales de J.-B.-A.Godin, La rébellion de Kronstadt d’Alexander Berkman et Emma Goldman ou des contemporains comme Claude Guillon (Deux enragés de la révolution) et Claire Auzias, mais encore arts, poésie (dont Kerouac ou Pélieu), littérature. « Il y a une collection de textes plus littéraires mais de voix "d’en bas" par exemple : les petits textes sur les bistrots de Jacques Josse (postier) de même que Jorge Valero (postier également) mais aussi le texte La Mer de Bernhard Kellermann, antimilitariste et antifasciste allemand (célèbre à son époque) ».

Non seulement content de jouir d’ouvrages typographiés à l’ancienne, la présence d’un label syndical parfois accompagné d’un petit morceau d’histoire sociale sous forme d’hommage ou à cause d’une date anniversaire (comme une biographie succincte de Malatesta) atteste de la volonté de se placer en continuateur du mouvement ouvrier de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. « J’ai copié une coopérative d’imprimeurs, La Laborieuse à Nîmes entre 1920 et 1939 qui imprimait les brochures Terre Libre et le journal que faisait André Prudhommeaux - j’avais vu ça en faisait des recherches sur Solutions sociales. Prudhommeaux était le neveu de la seconde femme de Godin, elle-même pédagogue qui avait créé une école maternelle au Familistère de Guise... » On comprendra aisément que chez La Digitale on n’a ni le temps ni l’envie de céder aux nouvelles technologies : un site internet c’est déjà assez. « Tout le reste est trop compliqué, fabriquer et éditer m’occupe assez ! »

EN 2025

Textes provenant du site des éditions La Digitale

Fondées en 1979 par Jean-Jacques Cellier, relieur et imprimeur typographe, les Éditions La Digitale ont publié des ouvrages sur l’histoire des luttes sociales, des mouvements libertaires et anarchistes ainsi qu’une collection de poésie et littérature d’auteurs contemporains.

Jean-Jacques Cellier a fondé les Éditions La Digitale en 1978 dans son atelier rue de la Fontaine à Quimper, et a mené seul pendant plus de 40 ans une activité d’éditeur, imprimeur typographe et relieur.
Il publie en 1979 la première réédition du livre Solutions sociales de Jean-Baptiste André Godin, ouvrage remarquable de plus de 500 pages qu’il compose sur Linotype et dont il assemble les cahiers avec une simple couseuse.

Jean-Jacques Cellier a choisi de publier des témoignages, textes historiques et essais politiques en adéquation avec ses convictions. Son combat au fil des années a été de maintenir cette ligne éditoriale exigeante et partager ces idées.

Il publiera de nombreuses œuvres sur l’histoire des luttes sociales autant en France que dans le monde, le mouvement anarchiste raconté par celles et ceux qui l’ont vécu, des ouvrages aux titres évocateurs comme Combats pour la liberté, Une vie de révolte ou Souvenirs d’anarchie, rééditera des textes d’Auguste Brizeux, Anatole le Braz, Jean Epstein et Bernhard Kellermann, dont celui intitulé sobrement La Mer, un texte extraordinaire qu’il aimait beaucoup. Les Éditions La Digitale ont mis en lumière de nombreux textes qui restaient inédits en français, comme La République des conseils de Bavière d’Erich Mühsam ou Le mythe bolchevik d’Alexander Berkman.

En 1981 est publié Femmes de Plogoff qui relate la lutte victorieuse contre l’implantation d’une centrale nucléaire à la pointe du Raz. Il participera activement à ce combat.
Il éditera ensuite des œuvres de littérature ou de poésie d’auteurs contemporains, parmi lesquels on peut citer Alain Jégou, poète et pêcheur, Jacques Josse, Yves Le Manach ou Claude Pélieu.

Il attachait un soin tout particulier à la qualité des papiers, encres et reliures des ouvrages qu’il publiait. Il composait ses textes en typographie au plomb sur une Linotype ou une Ludlow et effectuait les tirages avec une presse Nebiolo Saturnia. Il a été l’un des derniers imprimeurs à utiliser cette technique et ces machines en France.

En 2014 paraît un dernier ouvrage, Sartre et le colonialisme d’Hervé Oulc’hen, puis Jean-Jacques Cellier prendra la retraite de son métier d’imprimeur mais continuera de faire vivre les Éditions la Digitale.
Il fait réimprimer en avril 2024 La politique du travail et la politique des privilèges et De Fourier à Godin - Le Familistère de Guise et regrettera de n’avoir jamais pu réaliser une nouvelle impression typographique de Solutions sociales.

Jean-Jacques Cellier nous a quitté le vendredi 30 août 2024 au matin, emporté brutalement d’une embolie pulmonaire à l’âge de 78 ans.
https://editionsladigitale.com/

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