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Le passager clandestin

Le passager clandestin


Créées début 2007, les éditions le passager clandestin (sans majuscules) se développent principalement autour du thème de l ’écologie. Organisés en SARL, les trois membres de la structure (Nicolas Bayart, Dominique Bellec, Frédérique Giacomoni) ont au préalable, chacun de leur côté, tâté les rouages de l’ordre établi - marketing dans les télécoms, précaire aux États-Unis, chargée de communication chez Hachette... Se lancer dans l’édition indépendante n’était pas qu’une lubie passagère : « le choix de l’édition indépendante, dont on sait qu’elle doit constamment lutter pour survivre, constitue à lui seul une prise de position. Cette indépendance est à la fois une condition et l’un des buts de notre activité. Le sens de notre activité ne se limite pas à la production de livres, elle est aussi un forme particulière d’inscription sociale et un choix de vie. » Cette indépendance est porteuse : 50 titres publiés en 5 ans, avec des tirages oscillant entre 1500 et 4000 exemplaires dans 7 collections (Désobéir, Rééditions, Les Transparents, Essais, Pratiques, Photos-textes, Existence/Résistance), c’est un certain succès, si on compare ces scores à ceux d’autres maisons d’éditions engagées. Le petit opus Ne sauvons pas le système qui nous broie ! Manifeste pour une désobéissance générale s’est lui écoulé à 12 000 exemplaires... la collection Désobéir (emmenée par Xavier Renou) marche elle aussi fort bien : près de 40 000 exemplaires de ces petits « manuels » de désobéissance vendus 5 euros ont trouvé acquéreurs... Autre genre de succès, la publication en avril 2011 de Votre paix sera la mort de ma Nation d’Hendrik Witbooi, jusqu’alors inédit en français, suscite l’attention et l’enthousiasme de médias et supports négligeant traditionnellement l’édition indépendante. « Il faut savoir que Witbooi était un chef de guerre namibien, c’est un héros en Namibie (d’ailleurs c’est son visage qui est sur les billets de banque !), et ce livre est l’étonnante correspondance qu’il a entretenue avec l’envahisseur allemand. Notre première grande satisfaction avec cet ouvrage, ça a été que J.M. Coetzee réponde favorablement à notre demande de le préfacer ». Succès critique que l’on retrouve aussi avec Quinze jours au désert de Tocqueville, même si là, l’auteur n’est pas un inconnu. Pourtant, les contacts avec la presse, s’il y en a bien via des communiqués, restent marginaux. La participation à des salons et à des soirées-débats en librairies, y’ que ça de vrai ! En plus, « on essaie de participer à pas mal d’événements militants, puisque notre engagement rejoint évidemment nos choix de publication. Là il ne s’agit même plus de faire des ventes ou de la com, c’est juste une question de cohérence, et c’est là qu’on a envie d’être. Ça nous paraît logique de participer à des événements sur la Palestine, d’être au Grand Parquet quand Nicolas Lambert joue ses pièces (Elf, la pompe à fric ou Avenir radieux, une fission française), de participer aux États généraux du nucléaire ou au Festival cinéma et écologie… » Cette énergique participation à l’extérieur se ressent aussi dans le travail interne du passager clandestin : si le graphisme des couvertures est réalisé hors de la structure, la mise-en-page est elle assurée à l’intérieur ; « pour les traductions le travail se partage entre interne et traducteurs externes. Nous avons une correctrice qui relit tous les manuscrits. Enfin, c’est une personne en interne, Frédérique Giacomoni, qui se charge de la communication et donc entre autres des services de presse. » Pollen assure la distribution ; ils ne distribuent que des petits éditeurs et permettent de ne pas toucher que des convaincus. Mais les véritables alliés « sont quand même les libraires, et principalement les libraires indépendants. (…) nous sommes évidemment inquiets de la crise qui frappe les libraires indépendants. Nous ne la ressentons pas de plein fouet car pour notre part nous sommes plutôt en phase de croissance (plus de titres au catalogue, plus de reconnaissance de la part du public, donc aussi plus de commandes de la part des libraires). Mais nos discussions avec les libraires et notre observation du terrain nous montrent bien à quel point la situation est critique. Quand nous parlons avec des lecteurs sur les salons, nous nous rendons compte également que très peu d’entre eux maîtrisent la chaîne du livre, et donc réalisent quelle part du prix d’un livre revient à l’auteur, à l’éditeur, au libraire, au diffuseur… Il nous semble qu’il y a tout un message pédagogique à faire passer, pour que les gens se rendent compte à quel point c’est important de pousser la porte de son libraire de quartier, plutôt que d’aller commander des livres sur Internet… Enfin, nous sommes très sensibilisés à la question toute récente de l’augmentation de la TVA sur les livres, une décision qui rapportera à l’État des sommes marginales tandis qu’elle fragilise encore plus un secteur déjà menacé. Dans notre cas, en plus, cette augmentation est particulièrement ridicule par rapport à notre politique de prix ronds et bas (si on a choisi de commercialiser la collection Désobéir à 5 euros, pour qu’elle soit accessible à tous, ce n’est vraiment pas pour la passer au prix aberrant de 5 euros et 8 centimes !). Donc le passager clandestin a décidé de ne pas augmenter ses prix de vente pour ne pas pénaliser ses lecteurs, souvent des jeunes ou des personnes sans gros revenus, conformément à sa politique de prix le plus bas possible. Nous allons donc baisser notre prix de vente HT et en assumer le coût. » Mazette ! Ça c’est de la vraie maison d’édition engagée, qui connaît le terrain, et qui prend des responsabilités en toute autonomie pour soutenir la chaîne du livre... Chapeau !

Le passager clandestin /
Le Château /
72290 Congé-Sur-Orne

http://www.lepassagerclandestin.fr/index.html

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