« S’il existe un bon âge pour jauger sa vie et en faire le récit, c’est maintenant. » Zygmunt Bauman a bientôt soixante-dix ans lorsqu’il commence à écrire à ses filles pour leur raconter « le monde qui a existé avant qu’elles ne viennent au monde ».
Né, juif, en Pologne en 1925, le grand sociologue, qui qualifiait nos sociétés modernes de liquides, aura traversé un siècle marqué par l’antisémitisme, la guerre, le communisme et l’exil. Sa vie porte leur empreinte indélébile.
Il revient dans ces pages, avec une rare liberté de ton et sans aucune auto-complaisance, sur les épisodes majeurs de sa trajectoire personnelle : ses années d’enfance en Pologne ; la Seconde Guerre mondiale et l’après-guerre ; sa vie dans la Pologne communiste et le départ forcé de son pays natal en 1968 – qu’il quitte tout d’abord pour Israël avant, très vite, de s’installer en Grande-Bretagne, où il vivra et enseignera jusqu’à la fin de sa vie.
En partie constitués de lettres initialement destinées à sa famille, qu’Izabela Wagner a soigneusement éditées, complétées et agencées, ces fragments de vie forment un récit autobiographique captivant, inséparable des réflexions de ce grand penseur sur certains des enjeux majeurs de l’époque : l’identité, l’antisémitisme et le totalitarisme. En cela, ils constituent un remarquable témoignage intellectuel et politique sur l’histoire du continent européen au XXe siècle.