Depuis toujours, des hommes et des femmes toquent à la porte de mieux lotis qu’eux. Depuis toujours, ils sont d’abord perçus comme des étrangers, porteurs de peur et d’angoisse.
Nous sommes, depuis 2015, confrontés à une forme extrême de ce motif historique. Alors que la sphère publique est saturée de références à une crise migratoire qui menacerait notre mode de vie, on voit naître une véritable panique morale. C’est cette panique que dissèque ici Zygmunt Bauman.
Si elle se montre aussi tenace, affirme-t-il, c’est que ces migrants nous rappellent notre propre précarité, d’autant plus humiliante qu’elle va à l’encontre de notre impératif de performance.
À l’heure du déréglement climatique, nul doute que les migrations de masse se poursuivront et qu’aucun mur ne les arrêtera, nous alerte Bauman, qui en appelle dans ce texte puissant, le dernier publié de son vivant, à un sursaut moral : contre tous les appels à plus de sécurité, il nous faut prendre acte de notre destin commun.