Retour à l’insécurité, retour au réconfort de la tribu, retour aux inégalités, et enfin retour à un narcissisme marqué par une féroce compétition de tous contre tous : tels sont les quatre grands mouvements rétrogrades qui, selon Zygmunt Bauman, l’un des plus grands penseurs du xxe siècle, caractérisent nos sociétés contemporaines. Retrotopia, publié quelques mois après sa disparition, peut être considéré comme une manière de testament – et comme une mise en garde de poids. Partout, en e et, on observe l’avènement d’une forme d’aspiration rétrograde, la volonté d’en revenir à un passé plus ou moins mythifié : soit le meilleur moyen d’éluder les questions les plus brûlantes tout en entamant un processus de régression possiblement catastrophique. Bauman, avant de disparaître, constatait partout un refus général de se confronter véritablement aux grands défis de ce xxie siècle naissant. Avec Retrotopia, le père du concept de « société liquide » éclaire brillamment les périls auxquels sont confrontés nos sociétés modernes et tente de remédier à cette cécité.