À la recherche de Colette Magny
Colette Magny (1926-1997) a une place unique dans l’histoire de la chanson française. Venue à plus de 30 ans à la scène, elle se fit connaître par son premier titre, « Melocoton » (1963), et sa voix profondément bluesy, dont elle usera pour interpréter de nombreux standards de musique noire (Bessie Smith, Billie Holiday, Elaine Brown…). Refusant d’être cantonnée à un rôle de blueswoman blanche, elle prit rapidement la tangente à la fois par son répertoire et ses relations tranchées avec le showbiz. Elle explora la chanson revendicatrice soutenant les mouvements sociaux et politiques des années 1960-1980 (Mai-68, la guerre du Viêtnam, les Black Panthers, les grèves ouvrières, les violences policières, les droits des immigrés en France…), fréquenta les textes des poètes (Labé, Hugo, Verlaine, Rilke, Machado…), joua avec la crème du free jazz français (Henri Texier, François Tusques…) mais aussi avec le guitariste Mickey Baker, maître de la Fender, ou avec Maurice Vander, le pianiste de Nougaro.
Quasiment invisible dans les médias, cette défenseuse des opprimés a privilégié l’expression de libre-penseuse dans ses disques (Ernest Pignon dessina plusieurs de ses pochettes) comme dans ses prestations scéniques, sauvages et habitées. La nouvelle génération (Camélia Jordana, Orelsan, Rocé, Bertrand Belin…) l’a adoptée comme l’une des leurs.
Ce livre est à la fois l’histoire de Colette, à travers ses chansons et des souvenirs familiaux, et de la reconquête de son oeuvre pour en faire connaître l’importance, jusqu’à l’édition en 2018 d’une Anthologie en 10 CD. Outre de nombreux documents rares, le livre s’accompagne d’un enregistrement inédit sur disque d’un concert au Café de la danse à Paris en 1988.
Extraits
« Quand j’étais petite, certains dimanches, ma tante Colette, sœur cadette de mon père, déboulait chez nous à Versailles. Elle n’avait pas encore décidé de devenir chanteuse professionnelle mais nous donnait déjà de succulents récitals. »
« Elle ne nous a rien laissé d’elle, pas un mot, pas de droits d’auteur, même pas symboliquement ceux de “Melocoton”, pas un centime, pas un objet, juste sa guitare à mon frère Christophe qui en jouait et l’avait accompagnée quelque temps. »