Les femmes ont longtemps été l’invisible de l’ethnologie, de l’anthropologie, de l’archéologie, de l’histoire, de l’art. Tenues en laisse, muselées, confinées dans le cercle domestique, leurs corps ont été contrôlés, transformés, sélectionnés, leur imaginaire mis au service de la domination masculine.
À la fois accusées de tous les maux et porteuses de tous les espoirs, de Pandore à la Pietà, de la maman à la putain, la femme est pour certain·es l’avenir de l’humanité : parce qu’elle est paix, amour, consolation ; pour d’autres, elle est seule responsable de sa chute : parce qu’elle est tentatrice, séductrice, terrienne, trop terrienne.
D’où viennent donc ces certitudes quant à la nature des mâles et des femelles chez l’être humain moderne, cette hiérarchie au sein d’une seule et même espèce ? Cette violence oppressive pourrait-elle être l’une des causes de la destruction actuelle du vivant ?
Pour tenter d’appréhender au mieux la naturalisation dont les femmes sont victimes, Ana Minski confronte plusieurs récits mythiques aux données archéologiques, historiques, ethnologiques et éthologiques. Elle commence tout d’abord par définir le cadre culturel – la « civilisation » – des mythes qu’elle étudie.
L’essayiste analyse sous un angle féministe et biocentriste les structures matérielles et idéologiques des civilisations, plus particulièrement de la civilisation occidentale.