Multiplication des salles de fitness, foyers équipés en appareils divers, corps musculeux exposés sur les réseaux sociaux, généralisation de la vente de macronutriments, etc. La fascination et la quête du muscle ne sont plus l’apanage des bodybuilders, mais touchent une part croissante de la population qui s’entraîne avec acharnement pour produire un corps désiré. Dans un monde incertain, où règne le sentiment de vulnérabilité et de dépossession, ce travail permet de planifier un projet à soi et pour soi. Si le corps est un espace de souveraineté qui s’inscrit dans une construction identitaire, il est aussi appréhendé comme une ressource valorisable en tant que capital, capable même d’exercer une forme de pouvoir.
Le processus de transformation de « matière » s’apparente à une fabrique dans laquelle le produit est la part physique de soi-même. Construire du muscle nécessite une grande implication, et la mobilisation de nombreux moyens, gérés rationnellement en vue de maximiser les gains tout en réduisant les coûts de production. Pour analyser le fonctionnement de cette fabrique, ses origines et ses implications psychiques, sociales et économiques, l’auteur s’appuie sur de nombreux travaux sur le sujet, sur ses enquêtes de terrain et… sur sa propre pratique de culturiste. Il nous plonge ainsi au cœur de la machine à faire du muscle.