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Alfredo Gomez-Muller : Communalisme andin et bon gouvernement

Communalisme andin et bon gouvernement

La mémoire utopique de l’Inca Garcilaso
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« Ils donnaient à chaque Indien un tupu. Un tupu de terre suffisait pour la nourriture d’un plébéien marié et sans enfants. De sorte que tous universellement semaient ce qui était nécessaire pour subvenir aux besoins de leurs familles. Ainsi n’avaient-ils pas lieu de vendre les provisions de bouche, ni de les enchérir, et ils ne savaient d’ailleurs pas ce qu’était la cherté  » (Inca Garcilaso de la Vega, Commentaires royaux sur les Incas).

La description du « bon gouvernement » des Incas par l’Inca Garcilaso, publiée en 1609, constitue l’une des sources du renouveau de la critique sociale, politique et économique en Europe et dans l’Amérique dite « latine », dès le XVIIe siècle. Fondée sur une conception de la justice sociale beaucoup plus avancée que celle qui existait alors dans les sociétés européennes, l’expérience inca suscite dans les deux continents l’intérêt de réformateurs et de révolutionnaires engagés dans la recherche de solutions à l’extrême misère qui frappe une grande partie de la population, à une époque où le capitalisme naissant tend à détruire la propriété communale traditionnelle. Élaboré comme un acte de résistance par le premier auteur « indien » publié en Europe, le récit de l’Inca Garcilaso continue de nourrir les mémoires utopiques des deux continents, en dépit de l’européocentrisme qui règne toujours dans l’écriture de l’histoire.

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