Hamar, bederatzi, zortzi ....
17 juin 1978, 3 ans après la mort de Franco, 40 000 personnes assistent à un concert, point d’orgue dela campagne "Bai euskarari" (Oui à l’euskara) au stade San Mames à Bibao. A 22h45, des membres d’Euskaltzandia (Académie basque) lisent sur scène le contenu d’un appel anonyme : "à minuit, une bombe va exploser dans le stade". A l’heure dite, la foule compacte, scande : "Hamar, bederatzi, zortzi ...." et entonne "Euskpo gudariak gera" le chant des combattants basques.
C’est une victoire, celle de s’exprimer en euskara. Nous la devons, entre autres, à l’opiniâtreté d’une poignée de chanteur bravant les intimidations, les mitraillettes pointées dans leurs dos, les gardes-à-vues etc... Plus que chanter en euskara, ils ont concientisé un peuple figé sous la chappe de plomb franquiste au Pays Basque Sud et au Pays Basque Nord bousculé une société traditionnelle et cléricale. Ils ont dénoncé la torture, les exactions, réveillé les consciences et rendu leur dignité au peuple basque.
Leur chant est un livre d’histoire, celui des années 1970. Les paroles sont sans concession. Il faut les lire à travers le prisme du fascisme. Les chanteurs ont répondu en écho à ces luttes. Ils ont donné la parole aux réfugiés, aux prisonniers, au peuple ouvrier, au monde paysan. Le peuple basque s’est approprié leurs chansons. Durant une décennie ébouriffante : renouveau culturel, créations des premières coopératives et de la première école en langue basque "ikastola". Le peuple basque avait compris qu’il ne devait compter que sur lui-même. A nous de rendre hommage à ces chanteurs aujourd’hui.
Le livre est assorti d’un disque, véritable bande originale de l’époque en 17 titres impérissables.