MENU

ouvert du mardi
au samedi de 13h à 20h
23 rue Voltaire 75011 Paris
quilombo@globenet.org
01 43 71 21 07

Jean Jacques : Luttes sociales au temps des corporations

Luttes sociales au temps des corporations

Aller au panier

Aujourd’hui, corporatisme a pris un sens largement péjoratif : ce serait la défense, jugée étroite, de ses intérêts communs par tout le personnel d’une profession, d’une administration ou d’une entreprise. Le régime pétainiste, par la Charte du travail de 1941, entendait structurer toutes les activités économiques en corporations, les salariés étant regroupés dans des syndicats catégoriels uniques et obligatoires. D’où le rejet très largement partagé de cette perspective.
Mais dans les années 1930, monopoles et spéculations capitalistes avaient plongé le monde dans une crise sans précédent entraînant chômage et misère de masse. Les régimes dictatoriaux qui écrasaient les luttes sociales se répandirent, en particulier en Europe. Sont alors débattues des notions de structuration néocorporatiste des activités économiques, de « plan » et d’« économie dirigée ». La perspective d’une organisation des branches professionnelles sous l’égide de l’État, dans lesquelles collaboreraient dirigeants et salariés et où la concurrence serait limitée, séduisit même des courants du syndicalisme, qui y voyaient une issue pour échapper à l’effondrement économique et à la dictature.
C’est pourquoi Jean-Jacques Soudeille rédigea ce condensé magistral de l’histoire des corporations – qui durèrent 5 siècles – mettant en relief les conflits de toutes sortes qui y furent associés. Il montre que contrairement à ce que tentaient de faire croire certains propagandistes de son époque, les corporations « ont été impuissantes à concilier les intérêts contradictoires de deux classes qui, au cours du temps, n’ont fait que se différencier et s’éloigner l’une de l’autre : celle des maîtres et celle des compagnons. »
Aujourd’hui encore, certains conçoivent des projets de cogestion devant déboucher sur la collaboration sereine des unes et des autres. Mais comme il le montre, les luttes de classes ont leurs propres causes. Nées avant les corporations, avivées sous celles-ci, elles ne pourront disparaître qu’avec l’accès égal de tous au même pouvoir de décision.