En France comme en Europe occidentale, plus personne ne met en doute le droit des syndicats à défendre le quotidien des travailleurs. Reconnu par l’État, voulu par la démocratie d’opinion, ce droit légitime l’organisation du salariat depuis sa légalisation au XIXe siècle. Mais il n’a jamais été sa seule raison d’être. Le syndicalisme est porteur, dès l’origine, d’un projet de transformation de la société visant à substituer, à la démocratie libérale, une démocratie sociale. Qu’en est-il aujourd’hui de ce projet d’essence politique dont la grève, symbole de l’autonomie ouvrière et de la mise en pratique d’une forme de démocratie directe, a longtemps été l’arme privilégiée ?