Il paraît que les textes ici réunis – La vie dans les restes, Et moi je hurle avec les loups, Dans l’homme tout est bon (homo homini porcus) – résonnent entre eux et aux oreilles des lecteurs. C’est du moins ce qu’ont dit certains, suggérant leur publication en recueil. Contrairement à ce que leurs titres laisseraient croire, il ne s’agit ni d’épitaphes ni d’actes de reddition à la Machine. Non que l’on prétende « se battre », comme tant de bavards de comités – tout au plus se débattre afin de ne pas mériter la fosse qui nous engloutit.
Qu’avons-nous donc à sauver, sinon notre deuil incurable, la mémoire à vif de ce qui fut et ne sera plus jamais. Car ce monde était beau, savez-vous ? C’était même son nom, mundus, avant que les volontés de puissance n’en fassent l’immonde où nous enfonçons.
Il est bon que le passé ne passe pas.
Il est ignoble de « faire son deuil ».
Survivant dans les restes, sans doute devons-nous sauver les restes. La sauvegarde des restes comme pratique d’un deuil irrémédiable, voilà ce qui devrait être sauvé ; et de ces restes peut-être, quelque chose pourrait renaître qui mériterait le nom de vie. Une autre vie, La vita nuova.
Parmi d’autres livres sous son nom ou sous un autre, Yannick Blanc a publié Les Esperados. Une histoire des années 1970, suivi de Le troupeau par les cornes (L’Echappée, 2011) et Enquête sur la mort de Gilgamesh (Le Félin, 1991).