Le XXe siècle a porté à son apogée la classe ouvrière en France. Les vagues de grèves qu’elle conduit et les organisations syndicales ou politiques qu’elle rejoint suscitent à la fois espoir et effroi, devant l’idée que les ouvriers puissent bouleverser radicalement l’ordre social.
Ce double sentiment s’est exprimé dans une multitude d’écrits. L’État par le truchement de la police ou des inspecteurs du travail, le patronat, les organisations catholiques, les sociologues, sans parler des lettrés qui choisirent de se faire ouvriers plus ou moins longtemps dès l’entre-deux-guerres, n’ont cessé d’évaluer la classe ouvrière et sa moralité. Les ouvriers ont répondu dans des tracts, des témoignages ou des romans, qui racontent le travail, la vie et les luttes.
Ce sont ces textes, tantôt sous forme d’archives, tantôt publiés, connus ou complètement inédits, que Xavier Vigna explore dans ce livre.Il montre que ces luttes d’écritures relèvent bien de luttes de classes.
On se souvient d’Emmanuel Macron dénonçant l’illettrisme supposé des ouvriers : quand un tel mépris vient légitimer la domination sociale et politique, quand l’anticommunisme conduit à l’anti-ouvriérisme, l’écriture ouvrière, qui réplique et réfute, oeuvre à l’émancipation individuelle et collective.
En revisitant l’histoire ouvrière, cet ouvrage invite à relire le XXe siècle français.