La mémoire de 68 a largement valorisé le mouvement étudiant.
Pourtant, 68 constitue également le plus puissant mouvement de grèves ouvrières que la France a connu, et qui ouvre ensuite une phase décennale de contestation dans les usines. C’est cette séquence d’insubordination ouvrière que Xavier Vigna retrace dans une étude historique pionnière qui s’appuie sur des archives inédites. En croisant tracts, rapports de police et films militants, ce livre analyse d’abord l’événement que constituent les grèves de mai-juin 1968, bien au-delà de la seule scène parisienne souvent réduite à la " forteresse de Billancourt ", et en montre le caractère inaugural.
Dès lors, l’insubordination perdure et se traduit par de multiples illégalités. La parole ouvrière qui la nourrit conteste l’ensemble de l’organisation du travail. Relayée selon des modalités complexes par les organisations syndicales et les groupes d’extrême-gauche, cette insubordination échoue pourtant face à la crise économique. Ainsi, ces années 68 constituent également une séquence ouvrière, dont cet essai d’histoire politique des usines entend restituer l’ampleur.
Livre d’histoire par conséquent à rebours des discours convenus sur " Mai 68 ", et d’une histoire ouvrière qui se confronte à la sociologie du travail d’alors, il renouvelle largement notre connaissance d’une période ardente et cruciale, celle des années 68.