Alors que l’on redécouvre aujourd’hui l’œuvre de Panaït Istrati, la vie de ce conteur roumain devenu écrivain français est encore peu connue. Pourtant, sa personnalité a profondément marqué ceux qui ont croisé sa route. Parmi ceux qui se souvenaient de cet « homme exquis », de cette « âme ardente » : Romain Rolland, Victor Serge, Nikos Kazantzaki, Joseph Kessel, Frans Masereel, Henry Poulaille, Jean-Richard Bloch…
Défenseur des opprimés, Istrati a sympathisé avec la Révolution russe à ses débuts. Mais pour avoir critiqué durement le régime mis en place par Staline en 1929, il est calomnié et abandonné par ceux-là mêmes qui s’extasiaient devant sa puissance littéraire quelques années plus tôt. Ne conservant que de trop rares amis, il s’éteint en 1935, oublié de tous, à Bucarest.
Roumaine par ses racines, française par sa forme, universelle par son caractère foncièrement humain, l’œuvre d’Istrati, à l’image de ses haïdoucs, bandits des Balkans, n’a cessé de se heurter aux cadres établis. De l’étoffe d’un Cendrars, d’un Kessel, d’un Gary, il fut homme avant d’être homme de lettres, conteur plus qu’écrivain.
Partie à sa découverte dans les années 1960, Monique Jutrin a largement contribué à la résurrection de Panaït Istrati. Sa biographie exhaustive nous apprend que l’on ne peut occulter la mémoire des vaincus.