C’est un lieu commun que dans toute société, l’ordre repose sur le sacrifice de moutons noirs, brebis galeuses et boucs émissaires, désignés à l’unanimité violente de la population. D’où l’intérêt de connaître le nouvel ennemi de la Sécurité globale, cible des stratèges de la Rand Corporation et des livres blancs du gouvernement.
Après l’« écoterrorisme », ennemi à peu près imaginaire, produit du FBI et de l’écrivaste Jean-Christophe Rufin (Le parfum d’Adam) ; après le « bioterrorisme », ennemi bien réel issu des laboratoires de l’Etat –comme démontré par l’affaire de l’« anthrax » en 2001– voici le mauvais Terrien. Réfractaire au Green New Deal, aux « écotechnologies » ; nanotechnologies, géo-ingénierie, nucléaire et informatisation de la « planète intelligente », cyberville globale où chacun se plie aux règles de la survie technifiée. Sauf à devenir le nouvel ennemi de l’« humanité élargie » : post-humains, transhumains, cyborgs, « Successeurs », « hommes bioniques », « augmentés » et autres « Singularités », qu’on nous assigne désormais comme notre futur inéluctable et désirable.
Huit ans après, le fin mot de la « World War on Terrorism ». Ce qu’elle a permis. Ce qui a changé. Ce qui a été perdu sans retour. Et l’avènement de l’Ordre Vert dans un monde en contraction où s’effrondrent les frontières entre local et global, intérieur et extérieur, temps de paix et temps de guerre.