Gamin révolté des rues du Berlin de l’après-Grande guerre, Paul Mattick commence par s’engager dans le mouvement spartakiste avant de devenir communiste anti-bolchevique. Au cœur des années de feu de la révolution allemande (1918-24), il nous raconte son incroyable parcours, entre action directe et répression, illégalisme et clandestinité. Le reflux du mouvement révolutionnaire et la montée en puissance des forces autoritaires – stalinisme et nazisme –, le poussent, comme tant d’autres, à l’émigration.
Aux états-Unis, il s’engage aux côtes des IWW et d’autres groupes radicaux, puis il participe au grand mouvement des chômeurs des années 1930 où se mêlent hobos, syndicalistes et révolutionnaires. Il nous plonge dans ces moments d’intense agitation sociale, aujourd’hui méconnus.
La belle aventure, ce fut, d’un continent à l’autre, la traversée des années bouillonnantes de l’« âge des extrêmes ». Paul Mattick la raconte avec une sagacité qui laisse toute la place à ses camarades de lutte, à ses ennemis aussi, aux débats d’idées qui accompagnent toujours l’action, à la rencontre des ouvriers radicaux avec les avant-gardes artistiques de l’époque, expressionnistes et dadaïstes. Ce témoignage exceptionnel restitue l’ambiance de mondes disparus secoués par le puissant désir d’une société libérée de l’exploitation. Désir qui court au fil de ces pages et qui est, lui, d’une fraîcheur et d’une actualité saisissante.