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Robert Gilbert-Lecomte : La vie l’amour la mort le vide le vent

La vie l’amour la mort le vide le vent

Suivi de Le miroir noir
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Voici, sous leur forme originale, les deux uniques recueils de poèmes publiés par Roger Gilbert-Lecomte (1907-1943), qui n’avaient jusqu’ici été réédités que dans ses Œuvres complètes (2 tomes, Gallimard, 1974-1977), depuis longtemps épuisées.

En marge du surréalisme, l’œuvre de Roger Gilbert-Lecomte a longtemps été éclipsée par sa réputation de poète maudit. Il faut dire que sa courte vie se prête particulièrement aux travestissements romantiques : précocité du talent, quête effrayante d’absolu, plongée dans la drogue (héroïne, morphine) puis dans la misère, mort dans la solitude un 31 décembre, de ce « tétanos mystique » prophétisé par un texte de jeunesse.

Dès 1928, c’est la création du Grand Jeu, avec ses « phrères simplistes » du lycée de Reims, René Daumal et Roger Vailland. Le groupe a les mêmes influences que les surréalistes (Nerval, Rimbaud, Lautréamont…), le même attachement à « l’acte même de révolte », mais s’en distingue par une ambition nettement métaphysique, ce qui a tôt fait de le rendre suspect aux yeux d’André Breton. Après quelques tentatives d’annexion du groupe, ce dernier est ainsi interpellé par Daumal dans le troisième et dernier numéro de la revue Le Grand Jeu (1930) :

« Prenez garde, André Breton, de figurer plus tard dans les manuels d’histoire littéraire, alors que si nous briguions quelque honneur, ce serait celui d’être inscrits pour la postérité dans l’histoire des cataclysmes. »

Mais les vues de Daumal et de Gilbert-Lecomte divergent bientôt : le premier suit le gourou Gurdjieff, le second s’enfonce dans la toxicomanie. Le quatrième numéro de la revue, prévu pour 1932, ne paraîtra pas. L’année suivante, Roger Gilbert-Lecomte fait paraître La vie l’amour la mort le vide et le vent. De ce recueil – le seul qu’il ait publié, avec la plaquette de poèmes Le miroir noir (1938) –, c’est un autre « envoûté éternel », Antonin Artaud, qui a parlé le mieux :

« Roger Gilbert-Lecomte trouve la vraie poésie, qui est génésique et chaotique, qui part toujours – et quand elle n’est pas si peu que ce soit anarchique, quand il n’y a pas dans un poème le degré du feu et de l’incandescence, et ce tourbillonnement magnétique des mondes en formation, ce n’est pas la poésie –, qui part toujours de la Genèse et du Chaos. »