La révolution anglaise, qui s’étend sur une vingtaine d’années entre1640 et 1660, est peu connue des Français. Cette première révolution des temps modernes représente l’occasion de découvrir certains traits caractéristiques qui auront leurs « répliques » dans les révolutions Française de 1789 et Russe de 1917, à commencer par l’exécution du roi. Révolution bourgeoise assurément, expression des marchands révoltés contre la tutelle pesante de la noblesse, le « moment cromwellien » n’aurait pas été possible sans l’agitation entretenue à la base par les divers groupes de dissenters, connus sous l’appellation générique et imprécise de Niveleurs. Que ce soient les Diggers (bêcheurs ou piocheurs), les Ranters (vociférateurs) ou encore les Quakers, toutes ces sectes religieuses développaient en fait des revendications égalitaires et anti-hiérarchiques. Ce texte, que l’on pourrait qualifier de manifeste des Diggers, est la première proclamation communiste de l’histoire, quoique pétrie de références chrétiennes – comme tout ce qui se faisait ou s’écrivait à l’époque. Allant plus loin que les Niveleurs qui étaient des démocrates radicaux, les Diggers prônaient la communauté des biens. Ils ont tenté de la réaliser en cultivant des terres squattées en 1649, avant d’être chassés par les fermiers du cru.
Texte précédé d’une causerie d’Emile Armand sur « Winstanley, le piocheur » (1911).