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Gerrard Winstanley : Pamphlets politiques

Pamphlets politiques

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Textes traduits et présentés par Laurent Curelly & Mickaël Popelard

Cet ouvrage a pour objectif de porter à la connaissance du lectorat francophone une pensée parmi les plus fécondes et originales qu’aient engendrées la Révolution anglaise du milieu du XVIIe siècle, laquelle conduisit à l’exécution du roi Charles Ier et à l’abolition de la monarchie, puis à l’instauration d’une république qui prit très tôt les traits d’un régime oligarchique. Commerçant londonien, Gerrard Winstanley devint l’un des meneurs des Diggers, membres d’une petite colonie qui s’installa sur des terres communes dans le Surrey en 1649, l’année du régicide et de la constitution de la république. Les Diggers, ou Bêcheurs, expérimentèrent ainsi une forme de communisme agraire. Ils furent pourchassés par les propriétaires locaux et par les autorités de la république, qui craignaient une contagion à l’ensemble du pays de pratiques qu’elles jugeaient séditieuses. Les Diggers subirent également des déboires devant les tribunaux car des procès furent intentés contre eux. La petite colonie fut dispersée un an après sa création.

L’existence de la colonie des Diggers s’accompagna de la rédaction et de la diffusion de pamphlets, dont certains étaient des productions collectives tandis que d’autres étaient signés de la seule main de Gerrard Winstanley. Défendant la communauté des biens et infusée de mysticisme chrétien, la pensée de Winstanley irrigue l’ensemble des écrits des Diggers qui constitue le socle de cet ouvrage – il s’agit de traductions inédites en français. Les lecteurs francophones peuvent désormais avoir accès à des textes qui développent une pensée « proto-communiste » audacieuse. Winstanley exprime, dans ses écrits politiques, son aversion pour les structures féodales régissant la propriété de la terre et milite pour leur abandon afin que puisse surgir une communauté des biens inspirée de l’Église chrétienne primitive. Il y expose également sa méfiance envers le formalisme religieux au profit d’un mysticisme millénariste. De manière plus prosaïque, il y raconte les difficultés et les avanies auxquelles fut confrontée la petite colonie et, notamment, la répression qu’elle subit.
Loin d’être désincarnés, ces textes donnent à voir un pan de l’histoire politique et sociale caractéristique de la révolution anglaise du premier XVIIe siècle : on y entend les voix dissidentes d’individus marginalisés interpeller diverses autorités du pays ; on y voit des gens de peu s’approprier ces moyens d’expression et de contestation que constituaient les écrits bon marché et éphémères, en particulier les pamphlets et les pétitions ; on y découvre un paysage sectaire d’une grande richesse, les Diggers coexistant avec d’autres groupes « radicaux » et s’efforçant de se démarquer d’eux afin de mieux promouvoir leurs idées et leur programme ; on y lit enfin les espoirs déçus suscités par une révolution inaboutie. Ces textes entrent en résonance avec de nombreux débats actuels qu’alimentent des préoccupations partagées, comme les débats relatifs aux révoltes et aux mouvements populaires ou ceux relatifs aux notions de propriété et de biens communs, comme le montrent les diverses expériences d’occupation des terres par les « zadistes ».