« Nous voulions ramasser des panneaux et des plaques de tôle inutilisés et abandonnés pour arranger notre maison dans le campement. Alors que Sacko et moi étions sur le toit de la structure en train de démonter des panneaux, j’ai entendu un coup de fusil qui nous a alertés et nous a fait descendre immédiatement. Ayant identifié la provenance du coup de feu, j’ai remarqué un homme au loin, en hauteur, qui nous observait, son fusil pointé vers nous. »
Dans cet essai mêlant réflexions politiques et récit biographique, Aboubakar Soumahoro analyse l’époque depuis son expérience de travailleur agricole immigré dans le sud de l’Italie. Alors que l’emploi est de plus en plus précaire, les travailleurs migrant-es apparaissent comme les plus vulnérables. L’auteur nous invite à voir les luttes des personnes immigrées avec leurs spécificités, mais surtout à les envisager comme faisant partie d’une lutte globale contre toutes les formes d’oppression, à la croisée des questions de classe, de race et de genre. Contre une vision racialisante du monde qui rabaissent la dignité de celles et ceux qui ne sont perçus que comme des « migrants », il invoque Albert Camus pour promouvoir un « droit au bonheur » à la portée universelle.
Arrivé de Côte d’Ivoire à l’âge de 19 ans, Aboubakar Soumahoro est devenu un acteur politique de premier plan du paysage politique italien. Il compte parmi les fondateurs de la Coalition internationale des Sans-Papiers et des Migrants.