“Songez à librement vivre.”
Il me quitta en achevant ce mot, car c’est l’adieu dont, en ce pays-là, on prend congé de quelqu’un comme le “bonjour” ou le “monsieur, votre serviteur” s’exprime par ce compliment : “Aime-moi, sage, puisque je t’aime.”
Imaginez un monde inverse de notre Terre, où les parents obéissent à leurs enfants, où les arbres et les oiseaux parlent, où les guerres ne se pratiquent que si les combattants sont de force totalement égale : vous êtes dans L’autre monde ou Les états et empires de la Lune.
Les voyages interplanétaires, la montgolfière et le parachute, le magnétophone, la théorie de l’évolution : Cyrano de Bergerac, en visionnaire, a déjà tout anticipé. Et s’il ne s’embarrasse pas des considérations techniques ou pratiques, c’est qu’en poète il affirme le pouvoir absolu de l’imagination.
Persuadé que l’astre lunaire est un monde comparable au nôtre, le narrateur décide de s’y rendre. Une premier tentative le mène au Canada, d’où il parvient, presque par accident, sur la Lune, mais pour se voir aussitôt capturé par ses habitants. Les sélénites vont à quatre pattes, les uns communiquent au moyen d’un langage musical, les autres au moyen d’un langage gestuel. Ils pratiquent caresses et massages en tant que marques d’hospitalité, se nourrissent d’odeurs et dorment dans des lits de fleurs. La poésie est leur monnaie.
Iconophage, collecteur d’images de tous genres, recycleur d’un corpus iconographique qu’il hybride, Benjamin Monti est né en 1974 à Liège. Son travail graphique atypique se situe entre la bande dessinée et l’art contemporain. Il participe à la publication de nombreux fanzines. Pour les éditions du Chemin de fer, il a déjà illustré Vies d’un immortel, de Bernard Noël.