Pionnière du mouvement féministe mais aussi de la décroissance, Françoise d’Eaubonne est également la première à utiliser le terme « écoféminisme » en 1974. En introduisant ce néologisme, elle montre que le mécanisme patriarcal de domination des femmes est le même que celui qui provoque le saccage de la planète. L’oppression des femmes et l’exploitation de la nature étant étroitement liées, il faut réunir deux combats jusqu’ici menés séparément : le féminisme et l’écologie planétaire. Critiqué et tourné en dérision en France, l’écoféminisme s’est surtout développé aux États-Unis et en Grande-Bretagne autour de la contestation anti-nucléaire au début des années 80. Il resurgit aujourd’hui comme une forme de mise en pratique concrète d’un féminisme intersectionnel. Caroline Goldblum revient sur le parcours d’une intellectuelle atypique, définit sa conception de l’écoféminisme et expose avec clarté les arguments théoriques qui ont pu conduire à écarter l’écoféminisme de la scène française pendant plusieurs décennies. Le choix de textes ici présentés par Caroline Goldblum témoigne tant de la vivacité de l’écriture que de l’avant-gardisme de la pensée de Françoise d’Eaubonne.