Les femmes aussi ont fait la psychanalyse. Disciples de la cause freudienne, elles ont largement participé, souvent au péril de leur réputation voire de leur vie, à faire évoluer les théories qu’élaboraient alors Freud à Vienne, Jung à Zurich, avant Lacan à Paris. Alors que les femmes partout en Europe se mobilisaient pour la cause féminine, les pionnières de la psychanalyse jetèrent un regard nouveau sur la sexualité et l’inconscient féminins, et pensèrent la femme comme un être libre et l’enfant comme un petit d’homme.
Si la psychanalyse est d’origine germanique, ces premières analystes prouvent déjà la porosité des frontières et le partage multiculturel des idées ; de Vienne à Zurich, de Berlin à Paris, elles sont en Europe les passeuses d’une science encore controversée, telles Lou Andreas-Salomé, Eugénia Sokolnicka, Sophie Morgenstern, Helene Deutsch ou encore Anna Freud. Toutes ont subi les aléas de l’Histoire.
Certaines en sont mortes : Sabina Spielrein et Margarethe Hilferding ont péri sous le joug nazi, Hermine von Hug-Hellmuth fut assassinée, tandis que Tatiana Rosenthal, Eugénia Sokolnicka et Sophie Morgenstern ont mis fin à leurs jours. D’autres - Marie Bonaparte, Melanie Klein, Françoise Dolto - n’ont jamais dévié de leur but : la médecine de l’âme. Un bel hommage à ces femmes du XXe siècle, sans lesquelles celles d’aujourd’hui n’auraient pas gagné le droit de penser autrement.