1939 : Tandis que la France s’apprête à entrer en conflit avec l’Allemagne, au-delà de la frontière des Pyrénées, la guerre d’Espagne, elle, touche à sa fin, portant le fascisme au pouvoir. Le chemin de l’exode conduit des dizaines de milliers de réfugiés espagnols dans des camps de concentration français. Notamment celui d’Argelès-sur-Mer, bâti sur une plage. Dans ce douloureux contexte, un sympathisant des Républicains espagnols entreprend, pour le compte d’une association humanitaire, de faire libérer autant de prisonniers qu’il le peut. À l’intérieur de ce camp sinistre où règnent la misère et le désespoir, il fait connaissance avec un homme étrange, Pierre, qu’il prend tout d’abord pour un peintre catalan. Mais Pierre est français, et s’il s’est fait passer pour un Espagnol, c’est qu’il est à la recherche d’une femme, Pilar, rencontrée sur la route avant que les autorités françaises ne les séparent. Comment l’aider à retrouver cet amour perdu dont le visage se confond désormais avec celui de l’Espagne ?
Tenant autant du témoignage que de la fiction, Espagne, premier amour entrecroise d’une plume sobre et mélancolique, les thèmes de l’amour et de l’engagement de l’artiste en temps de guerre. Paru en 1965 chez Julliard, ce roman qui résonne fortement avec la question très actuelle de l’accueil des réfugiés, était devenu introuvable depuis des années. À propos de ce roman bouleversant de Vladimir Pozner, Aragon écrivit : « Le plus court des romans, ce qui pas plus pour un livre que pour un couteau ne l’empêche d’entrer d’un coup dans le cœur. »