Le passager clandestin présente la première traduction française d’un texte fondateur.
« Ce livre est un livre de combat : moins un livre d’histoire qu’un appel à l’écriture d’une contre-histoire, une histoire du point de vue des vaincus, afin d’exorciser le mal qui ronge, selon lui, la société moderne. Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, dit un proverbe africain, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur. Dans un monde ravagé par le wétiko (des rapports de domination toujours plus violents, l’exploitation frénétique de tout ce qui vit sur terre et la libération de toutes les passions destructrices), c’est le point de vue des lions que tente d’imposer Christophe Colomb et autres cannibales. »
(Présentation des éditeurs)
Dans ce texte publié pour la première fois aux États-Unis en 1979, Jack D. Forbes présente une histoire critique vigoureuse de la civilisation occidentale et des violences coloniales. Il est l’un des premiers à proposer une contre-histoire du point de vue amérindien : il ôte de la bouche de Christophe Colomb le mot de « cannibale » et renverse l’accusation.
À la vision héroïque de la conquête de l’Ouest, Forbes oppose une thèse limpide et cinglante : la civilisation capitaliste occidentale et la conquête du Nouveau Monde sont fondées sur l’exploitation, la domination, le meurtre et la cupidité, pathologies que les Amérindiens nomment « wétiko ».
En s’appuyant sur cette idée, Forbes débusque les porteurs du virus wétiko : « héros façonnés par l’historiographie européenne et les manuels d’histoire », ce sont pour la plupart « des impérialistes, des bouchers, des fondateurs de régimes autoritaires, des exploiteurs des pauvres, des menteurs, des tricheurs et des tortionnaires. »
Forbes met en lumière les mécanismes de propagation de l’infection qui ont abouti à la destruction croisée des cultures indigènes et de la nature. Sa réflexion est une référence majeure pour un courant de l’écologie radicale incarné par le mouvement anticivilisation dont les représentants les plus connus en France sont John Zerzan, Kirckpatrick Sale et Derrick Jensen. Forbes a joué aussi un rôle déterminant dans la reprise de conscience des spécificités et de l’autonomie des cultures indigènes américaines vis-à-vis de la culture dominante.
Ce livre est une invitation à penser l’avenir de nos sociétés sans la notion de profit, à se prémunir des pratiques capitalistes et des rapports de domination qu’elles induisent, et à restaurer le lien rompu entre l’humanité et l’écosystème terrestre dont elle fait partie.
C’est le livre le plus important jamais écrit sur la passion destructrice de la culture dominante.
Bien sûr, aucun raisonnement ne peut suffire à expliquer ce qui motive le meurtre de cette planète.
Mais l’explication de Jack Forbes – exploration serait d’ailleurs un terme plus approprié – a le mérite d’une cohérence que toutes celles rencontrées jusque là sont loin d’avoir aussi bien approchée. Ce petit livre prend un sens bien plus profond que bien des ouvrages dix fois plus volumineux. Achetez ce livre. Lisez-le. Et ensuite, armé de votre toute nouvelle compréhension, sortez de chez vous et empêchez cette culture cannibale démente de tuer cette belle planète qui est notre foyer à tous.
(Derrick Jensen)