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Karl Jacoby : Des ombres à l’aube

Des ombres à l’aube

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Le 30 avril 1871, sur le Territoire de l’Arizona, dans le canyon d’Aravaipa, une troupe d’Indiens Tohono O’odahms, de Mexicains et d’Américains massacrait dans leur sommeil plus de 140 Apaches. il est demeuré une masse d’informations sur ce drame, qui a permis à Karl Jacoby de proposer une approche inédite de l’événement, connu sous le nom de Massacre de Camp Grant.

Car son ouvrage possède un caractère, en quelque manière, totalisant : son enquête interroge les modalités de la reconstitution des faits passés autour de la question de la violence non seulement dans l’histoire, mais en même temps de la violence de
l’histoire.

C’est d’abord par le choix de la structure narrative que la démarche de Karl Jacoby frappe par sa pertinence. Plutôt que de conduire un seul fil narratif, il en propose quatre, chacun constituant l’histoire de chacune des communautés impliquées dans le massacre : ce sont autant de perspectives particulières, contradictoires et complémentaires qui s’ouvrent de la sorte. Le livre en outre se dédouble en deux moments, celui de l’histoire de chacune de ces communautés avant le massacre, puis celui de la mémoire de chacune après le massacre.

Avec ces regards subjectifs croisés, cette narration entrelacée portant sur le même événement, Karl Jacoby met à jour toute la difficulté de l’entreprise historique ; et, surtout, il stimule remarquablement le lecteur, auquel il propose au fond une méditation sur le travail de l’historien. Cette approche, dès lors qu’il s’agit d’aborder la question de la pulsion génocidaire chez les gens ordinaires, est radicalement originale sur ce terrain.

Apparenté au maître-ouvrage de Christopher Browning, Des Hommes ordinaires, Des ombres à l’aube, s’agissant de l’histoire américaine, reconsidère ainsi au plus près le problème de la violence faite aux autochtones américains, trop souvent réduite à quelques archétypes, mais aussi propose un examen en profondeur des entreprises mémorielles et de leurs conséquences – parfois terribles – y compris dans et par l’histoire.