Le 1er février 2008, les caissières d’un hypermarché du sud de la France ont décidé de se mettre en grève pour demander une prime exceptionnelle de 250 euros, le passage à temps complet des salariées employées à temps partiel contraint et l’augmentation des tickets-restaurant de 3,05 à 5 euros.
En dépit de l’inexpérience militante de la grande majorité d’entre elles, la grève a été reconduite tous les matins pendant 16 jours. Cette enquête sur le quotidien d’un hypermarché, les conditions de travail, mais aussi les relations professionnelles, les aspirations et les déceptions de ces caissières, tente de montrer comment cette mobilisation, improbable au regard de leurs caractéristiques sociales, a été possible.
Pourquoi sur les 75 000 personnes employées en France dans des hypermarchés, ces employées-là se sont-elles mobilisées, et pourquoi à ce moment-là ? Montrer quelles sont les conditions de la révolte, comment naît et se propage un jugement d’injustice, pourquoi ce qui était perçu comme supportable finit par ne plus l’être : tels sont les objectifs de cette enquête conduite dans un secteur exemplaire du triple mouvement de précarisation, de tertiarisation et de féminisation du marché de l’emploi contemporain.