Conflits de travail, lutte contre le sida, défense des immigrés, altermondialisme, actions collectives de précaires, féminisme : autant de mobilisations importantes qui ont marqué la vie politique et sur lesquelles cet ouvrage entend apporter un éclairage original et de nouvelles clefs d’analyse. Il montre que les mouvements protestataires ne résultent pas de brutales poussées de mécontentement, mais qu’ils relèvent au contraire d’un domaine d’activité particulier, exigeant la maîtrise de compétences spécialisées.
Scrutant les rapports étroits qu’ils entretiennent les uns avec les autres, l’ouvrage montre également que ces mouvements sont loin d’occuper une position marginale et dominée dans le paysage politique : ils constituent un mode d’intervention dans la conduite des affaires de la cité distinct des arènes institutionnelles qu’ils tendent à concurrencer ou à contester. La notion d’espace des mouvements sociaux au coeur de cet ouvrage invite ainsi à penser la spécificité du registre politique de la protestation collective tout en cernant ses évolutions les plus significatives.
L’analyse qui s’inspire de la théorie des champs de Pierre Bourdieu s’appuie sur une connaissance fine du paysage contestataire français, de Mai 68 au récent mouvement contre la réforme des retraites, pour offrir une nouvelle compréhension des reconfigurations politiques contemporaines.