La promesse de bonheur faite aux peuples et aux individus constitue, à l’instar des religions et des idéologies, un opium qui les prive de leur liberté. En les berçant avec la vieille chanson de l’abondance et du bien-être, en les insérant toujours plus dans des réseaux de surveillance et de contrôle au motif de les protéger des risques et des dangers, le pouvoir libéral contraint les citoyens à abandonner leurs libertés publiques au profit de l’automatisme des procédures.
Les nouvelles technologies installent et légitiment un système politique et culturel qui menace la démocratie et favorise l’impérialisme du marché. L’auteur montre comment jour après jour la quantité décide de la qualité. Au nom du bonheur et de la sécurité auxquels les individus aspirent, le pouvoir prescrit un mode d’emploi du vivant qui substitue à la culpabilité fondatrice du lien social, la dépendance à la rationalité des instruments numériques et des procédures normatives.
L’ouvrage soutient que la technique disculpe, qu’elle ne requiert que son exécution, sans états d’âme. Quand la culpabilité passe à la trappe, c’est l’Autre qui disparaît et, avec lui, notre liberté de désirer. En politique comme en psychanalyse un sujet ne saurait exister sans parole, sans autrui. Les changements qui se sont accomplis en psychiatrie depuis une trentaine d’années constituent un bon exemple de la crise des valeurs qui menace l’humanité dans l’homme : les modes d’emplois et les grilles d’évaluation statistiques ont remplacé le dialogue clinique et les récits de vie.