Le quarantième anniversaire de Mai 68 va offrir aux "acteurs" homologués du mouvement et aux autres spécialistes patentés des "questions de société" une nouvelle occasion de débattre, pour en blâmer ou en louer les effets sur la société française, du caractère modernisateur de ce qui n’aurait finalement été qu’une "révolution culturelle".
Même tardive, la date de parution de ce texte et la personnalité de ses auteurs pourraient suggérer que ceux-ci admettent à leur façon les impératifs de quelque "devoir de mémoire". Si tel avait été le cas, ce n’est assurément pas dans le respect des figures imposées par les débats "sociétaux" et les shows commémoratifs. Ils jugent en effet plus fidèle à l’esprit d’insubordination du Mai français de prolonger la critique de toute spécialisation et de toute hiérarchie qui fit sur le moment l’essentiel de sa force. Et c’est pourquoi ils choisissent de s’en prendre à l’écrasant conformisme qui, selon eux, s’impose universellement aujourd’hui au prétexte de "sauver la planète", et en même temps aux nouvelles formes d’embrigadement qui acccompagnent la mise en place de la gestion "raisonnée" du désastre, désormais officiel, de la société industrielle.
On trouvera repris en annexe un article de Jaime Semprun, "Le fantôme de la théorie", paru en septembre 2003 dans le numéro 4 de la revue de Jean-Marc Mandosio Nouvelles de nulle part.