Contrecarrant "le mythe de l’indépendance énergétique de la France grâce au nucléaire", puisque l’uranium alimentant le nucléaire civil et militaire provient depuis longtemps et pour une large part du sous-sol africain, Raphaël Granvaud détaille les conditions dans lesquelles la France et Areva se procurent un uranium au meilleur coût, au prix d’ingérences politiques et de conséquences environnementales, sanitaires et sociales catastrophiques pour les populations locales.
Dans un contexte international d’intensification de la concurrence sur le continent africain, mondialisation capitaliste oblige, AREVA obtient un tiers de son uranium au Niger, sans que ses habitants n’en tirent de bénéfices - le pays étant en dernière position du classement des pays selon leur indice de développement humain - et a pu compter sur l’aide toujours active des représentants officiels de l’Etat français, mais aussi sur l’appui des réseaux les moins ragoûtants de la Françafrique.
L’auteur démontre que les acteurs historiques du nucléaire français sont pour partie les mêmes que ceux de ces réseaux officieux et dévoile les efforts considérables d’Areva pour que les différents éléments de cette réalité ne viennent pas ternir une image de marque qu’elle voudrait immaculée, alors que "l’Afrique sera dans les années à venir le coeur de [son] activité".