Le livre de claire Auzias présente à la fois la passion que fut Mai 68 en France, mais aussi sa complexité, sans occulter les divisions qui existaient dans l’extrême gauche. Le tableau qu’elle nous présente de ces « trimards » et autres mauvais garçons, nous invite à sérieusement réviser les lectures abstraites et théoriques sur la révolution. Ce travail confirme qu’une autre histoire est toujours possible.
Trimards à Lyon, loulous à Grenoble, zonards à Nantes, katangais à Paris ou Mouvement révolutionnaire octobre à Bordeaux, pour l’auteure ce Lumpenproletariat était l’autre face de la Révolution.
Claire Auzias a publié « Un mai mineur » il y a trente ans, un titre hommage à Deleuze et Guattari, dans lequel elle conte ses « Mémoires d’une révolutionnaire » (IRL, 1988). Elle a aussi précisé quelques aspects de son Mai 68 dans Claire l’enragée, un dialogue avec Mimmo Pucciarelli (ACL). Ici, elle est historienne de ce qu’elle connaît si bien, grâce à une abondante documentation inédite. Son travail sur l’histoire montre que, en scénographie comme en littérature, les éclairages peuvent se déplacer, se croiser, se renforcer et s’illuminer à l’infini.