De l’anarchiste italien Errico Malatesta (1853-1932) on retient le partisan d’un anarchisme résolument politique – au sens étroit et moderne du mot –, là où les libertaires les plus conscients formeraient eux-aussi un parti solidement organisé autour d’un projet et d’un programme clairement définis. Cette perception n’est pas fausse, mais elle est partielle et elle laisse sans doute échapper l’essentiel du projet de Malatesta. C’est tout du moins ce que ce livre voudrait établir. Deux choses principalement : la façon dont Malatesta, comme tous les acteurs de cette période, est conduit par sa pratique et son expérience, à concevoir et affirmer une pensée politique et philosophique ; la façon dont cette pensée, bien loin de se cantonner à telle ou telle vision particulière de l’anarchisme, prend sens dans l’ensemble des idées et des pratiques libertaires d’hier et d’aujourd’hui. Pour ce faire, Daniel Colson a étudié plus particulièrement trois textes essentiels de Malatesta, ici republiés intégralement : l’Anarchie, À propos de Pierre Kropotkine et sa Réponse à la Plateforme.