« Le recyclage permet de ne pas remettre en question le jetable et les intérêts économiques qui lui sont liés, et surtout d’éviter de se demander ce qu’il révèle – une surproduction – et les origines de celle-ci, à rechercher dans les fondements du capitalisme et du productivisme. »
Dans un contexte de surconsommation des ressources et d’explosion de la quantité de nos déchets, le recyclage apparaît telle la panacée face à l’hérésie de la mise en décharge ou de l’incinération. Nous voudrions croire aux vertus d’un système qui nous permettrait de continuer à consommer « comme si de rien n’était », en faisant juste l’effort de trier. Les campagnes de communication émanant d’acteurs publics ou privés entretiennent ce mirage, en faisant l’impasse sur les limites du recyclage.
Observatrice privilégiée de la gestion des déchets, Flore Berlingen décrypte les promesses de cette économie faussement circulaire, qui entretient le mythe de produits recyclables à l’infini. Elle démontre comment ses caractéristiques, dans la lignée du productivisme et du capitalisme, contribuent à perpétuer l’utilisation du jetable.
À l’heure où la crise sanitaire du Covid-19 favorise un retour en force des produits à usage unique, menaçant les timides avancées de ces dernières années, n’est-il pas urgent de réfléchir au modèle industrialo-économique que nous souhaitons voir advenir ? De rééquilibrer les efforts, moyens et financements investis en faveur d’une gestion des ressources véritablement pérenne ?