1685, année terrible, est à la fois la date de la révocation de l’édit de Nantes, qui a exclu les protestants de la communauté nationale, et de l’adoption du Code noir, fondement juridique de l’esclavage « à la française ». Choisir d’en faire le point de départ d’une histoire de la France moderne et contemporaine, c’est affirmer que celle-ci doit être écrite du point de vue des subalternes, et pas seulement des puissants et des vainqueurs. C’est cette histoire de la France « d’en bas », celles des classes populaires et des opprimé.e.s de tous ordres que retrace ce livre monumental : une histoire des résistances, des révoltes et des rébellions face à l’ordre établi et aux pouvoirs dominants, une histoire qui restitue le champ des possibles non aboutis dans leur contexte politique, économique et social, mais qui passe aussi par l’histoire du quotidien, de l’intime et du sensible, attentive aux émotions, aux bruits et aux sons. Pas plus que la « France » ne remonte, comme phénomène historique, à « nos ancêtres les Gaulois », son histoire ne saurait se réduire à celle de l’Hexagone.
Les colonisés – des Antilles, de la Guyane et de la Réunion en passant par l’Afrique, la Nouvelle-Calédonie ou l’Indochine – prennent ici toute leur place dans le récit, de même que les migrant.e.s qui, accueilli.e.s « à bras fermés », ont façonné ce pays. Cet ouvrage de synthèse, écrit dans une langue précise, simple et accessible à tous, s’appuie sur des travaux existants ainsi que sur des documents d’archives, et s’attache constamment, sous les grands mouvements historiques, à mettre en exergue les vies singulières qui animent une histoire incarnée.