Ce texte d’un poète mystique du Xe siècle, connu en un seul manuscrit, obscur, avait été édité une seule fois et laissé dans l’abandon jusqu’aux années 1960, où le poète Adonis, grand tenant du modernisme en poésie arabe, le découvrit et le fit connaître à un large public. Aujourd’hui, cinquante années plus tard, il en a entrepris la traduction française avec Donatien Grau.
Dans ces soixante-dix-sept extases, Dieu s’adresse à l’être humain et lui dévoile les mystères de son existence. Cette traduction, au plus près du texte, en rend les images saisissantes, et permet de découvrir la richesse d’une des plus grandes voix poétiques, dont on ne sait rien. De la mer au ciel, de la robe à l’interstice des mains de Dieu, c’est tout le voyage essentiel de la vie humaine qui s’en trouve révélé.
Cette oeuvre, cachée pendant plus de mille ans, composée dans l’Irak actuelle, apparaît comme un des chefs-d’oeuvre du mysticisme, contre toute religion institutionnalisée : les expériences décrites refusent tout cadre, et constituent un manifeste pour la liberté de l’être humain, quand il accepte de se livrer sans doute à l’absolu.