Le 4 juin 1989, l’armée chinoise réprimait par un carnage le vaste mouvement de contestation qui avait fait naître à Pékin l’espoir d’une démocratisation, et dont l’épicentre se trouvait sur la place Tian’anmen, occupée par des dizaines de milliers de protestataires. Trente ans plus tard, on estime à plusieurs milliers le nombre de personnes tuées au cours de l’intervention des divisons blindées et d’infanterie, rameutées des provinces par le pouvoir post-maoïste pris de panique. Pour commémorer le Grand Massacre (c’est le nom par lequel les dissidents chinois désignent la répression), L’Insomniaque, qui a déjà fait paraître plusieurs ouvrages critiques sur la Chine, publie cette liste partielle de 202 noms, établie par le collectif des Mères de Tian’anmen et très instructive quant à la diversité sociale des victimes, la férocité des bourreaux et les moyens militaires employés pour écraser une révolte de citadins sans armes. Elle est présentée par Hervé Denès, connaisseur averti de la société chinoise.