Dès le mois de septembre 1944, Alice Rivaz écrit pour l’hebdomadaire Servir une série d’enquêtes consacrées à des métiers féminins. Elle y décrit les conditions de travail de femmes de ménage et de travailleuses à domicile dont elle rapporte les propos. Le ton de ces articles est résolument empathique : il s’agit, comme le titre de la série l’indique, de se mettre « à l’écoute de celles qui travaillent », autrement dit à l’écoute de celles dont la parole n’est guère entendue ou considérée. Rivaz ne se contente pas d’exposer des parcours de vie laborieuse de manière impartiale ; elle s’implique dans le portrait des femmes qu’elle rencontre tout en donnant à voir leurs gestes et leurs savoir-faire. Elle les interroge aussi sur les aspects les plus matériels de leurs tâches (activités, emploi du temps, revenu chiffré, budget familial, etc.) en cherchant à mettre au jour la réalité matérielle de leurs métiers précaires.
Alice Rivaz s’essaie à différentes formes d’écriture et se confronte à des enjeux politiques et sociaux qui ne cesseront de faire retour dans la plupart de ses livres : la condition ouvrière, la question sociale, la guerre, le suffrage féminin, ou encore la situation des femmes dans le monde des lettres.