En 1904, Euclides da Cunha (1866-1909), auteur majeur de la littérature brésilienne, entame une mission de reconnaissance du bassin ouest de l’Amazonie. L’expédition qui le mène jusqu’à la région frontalière avec le Pérou le poussera au bord de la folie, mais elle lui permettra aussi de se familiariser avec la dernière part obscure du Brésil. Sa découverte de la nature équatoriale et sa vision du drame qui s’y joue — l’esclavage des ouvriers du caoutchouc, la destruction silencieuse des Indiens — l’amène à projeter d’écrire, après son chef-d’oeuvre Hautes Terres, un "deuxième livre vengeur" qui ne verra jamais le jour.
L’invention de l’Amazonie se compose de trois des récits qui ont subsisté. Ils disent le vertige qui nous empêche de voir l’Amazonie, les triomphes et misères que la vie dans les limbes peut susciter, la proximité entre création et destruction. Avec son oeil pour les ruines à venir, da Cunha n’y livre pas seulement un aperçu de la modernité, il propose aussi un regard saisissant sur la région, une réflexion qui reste pertinente jusqu’à nos jours.