Ces chroniques, choisies parmi les nombreuses écrites par la docteure Jabr, sont égrenées au fil du temps, de 2003 à aujourd’hui. La psychiatre-écrivain-penseuse et témoin partage dans ce recueil sa vision de soignante sous occupation. L’auteure revendique que la psychiatrie et la psychothérapie ne peuvent guérir les personnes opprimées sans une éthique des professionnelles qui inclue la justice et les droits humains comme des éléments essentiels pour leur santé mentale et leur bien-être.
Samah Jabr considère en effet le travail clinique à la lumière du contexte socio-politique et analyse le traumatisme psychologique transgénérationnel qui marque la mémoire collective palestinienne. Malgré un vécu sous oppression constante, la psychologie du peuple palestinien ne se forme pas uniquement autour du traumatisme, mais elle rassemble aussi les gens dans la solidarité et une cause commune.
Prendre la parole. Faire parler. Témoigner pour que ces humiliations, ces tortures, les séquelles d’une occupation ne soient pas les outils du silence ni ne consument pour toujours l’âme des résistant-e-s. Parler pour que se brise le cercle vicieux de la domination. Trouver la force de garder ces traces, de faire comprendre et de faire partager ces expériences à celles et ceux qui vivent de l’autre côté du Mur de la colonisation et de l’impérialisme.
Il est indispensable de transmettre et de répéter au monde que, face au système colonial, le souffle de la résistance et de la résilience palestiniennes est comme le vent : nul ne peut le mettre en cage.