Robin des bois, bandit au grand cœur, qui vole aux riches pour donner aux pauvres, peut-il être considéré comme un simple « criminel » ? Hors-la-loi sans nul doute aux yeux du souverain, il apparaît en revanche, à l’intérieur de la société paysanne, comme un vengeur, un justicier et un héros. C’est la figure par excellence du « bandit social », personnage qui hante la zone floue entre la criminalité organisée et la révolte sociale.
Des « Haïdoucs », bandits des Balkans, en passant par Jesse James ou Billy the Kid, le grand historien britannique Eric Hobsbawm retrace, dans cet ouvrage passionnant, l’histoire mouvementée du « banditisme social ».
En prenant ses distances avec l’histoire officielle, il s’efforce d’inscrire le destin de ces marginaux dans une étude plus large des structures économiques et sociales qui conditionnent leur apparition, en mettant notamment en évidence le lien entre les « épidémies de banditisme » qu’il repère et d’intenses phases de crises économiques. Dans cette histoire de la désobéissance et de la violence, les personnages de bandits apparaissent dans une grande mesure comme les visages d’une réaction des communautés paysannes à la destruction de leur mode de vie.
Si Hobsbawm a voulu écrire l’histoire des bandits, c’est parce qu’il y reconnaît la généalogie primitives des mouvements sociaux et de la révolte politique. La question du bandit, figure de transition entre deux logiques et deux formes d’action reste la suivante, toujours actuelle : comment passer, pour des révoltés, de la délinquance à la politique ?