Il semble évident de nos jours que l’hégémonie américaine ne compte pas s’affirmer par la construction d’un empire colonial.
Pourtant, la puissance militaire des Etats-Unis est la plus importante et la plus redoutable que le monde ait jamais connue. Comment expliquer ce paradoxe ? En rappelant l’histoire des grands empires (britannique, chinois, espagnol, etc), qui furent à la fois des empires territoriaux et commerciaux, Ellen Meiksins Wood montre la nature singulière de l’impérialisme américain qui, lui, ne repose pas sur les conquêtes territoriales.
Son projet, rendu possible par le capitalisme, est celui d’une domination économique mondialisée, administrée localement par des Etats souverains, mais protégée par la puissance militaire des Etats-Unis. L’ "empire du capital", explique la politologue, débouche ainsi sur ce paradoxe : tout indifférent qu’il soit à la conquête du monde, il a mis en place la monstrueuse machinerie militaire américaine, dont l’existence est d’autant plus troublante qu’elle est sans objet déterminé.