Des prisonniers aux migrants, de la maladie aux formes inédites de contrôle, de la géopolitique au renouvellement des vieilles questions « que faire ? » et « d’où parlez-vous ? », de multiples raisons portent aujourd’hui à se mettre à l’écoute de Michel Foucault. Comment penser d’après lui ce qui vient après lui ? Comment se saisir de ses analyses pour renouveler la lecture du présent et les manières d’y intervenir ? User, comme il y invitait, de son œuvre comme d’une boîte à outils suppose de briser l’image d’une doctrine sagement rangée aux côtés d’autres académismes : sous les mots trop connus du « discours », du « pouvoir », faire lever la série des gestes inventés par Foucault (une nouvelle manière de parler, d’écrire, de disparaître ou de rire), et la série des luttes auxquelles il prit part (tout en visant du coin de l’oeil d’autres luttes, actuelles, où ses travaux peuvent encore servir). Passeurs, parmi d’autres, de cette oeuvre dans un monde qui n’est plus le sien, nous voudrions prendre appui sur elle pour crayonner les programmes d’une histoire, d’une philosophie, d’une politique à venir. À quatre mains, on tâche ici de mettre le feu à la boîte pour s’inventer d’autres outils.