Les données témoignant de la taille géante de Wal-Mart ne manquent pas : Wal-Mart est la plus grande entreprise mondiale, le plus grand employeur privé du monde, le huitième acheteur de produits chinois (devant la Russie et le Royaume-Uni) ; son chiffre d’affaires est supérieur au PIB de la Suisse ; son budget informatique supérieur à celui de la NASA ; le patrimoine financier des héritiers de Sam ’ Walton (son fondateur) est deux fois plus élevé que celui de Bill Rates.
Mais derrière ces superlatifs se cache l’histoire très singulière d’une société de l’Arkansas qui, en l’espace de 40 ans, a révolutionné les vieux modèles fordistes d’organisation du travail et largement ami reconfiguré les rapports producteurs /détaillants et toute l’économie américaine. Le succès et l’influence politique de cette entreprise géante lui permettent de redessiner les plans des villes, de déterminer le salaire minimum réel, de casser les syndicats, de définir les contours de la culture populaire, de peser sur les flux de capitaux dans le monde entier, et d’entretenir ce qui s’apparente à des relations diplomatiques avec des dizaines de pays.
Alors que la marge de manœuvre des gouvernements demeure restreinte, Wal-Mart semble avoir aujourd’hui plus d’influence que n’importe quelle institution, non seulement sur des pans entiers de la politique sociale et industrielle américaine, mais aussi sur le modèle de vie et de consommation mondialisé, bigot et entièrement familialiste.