Mana Neyestani est réfugié en France depuis 2011, après avoir dû s’enfuir d’Iran à cause d’un dessin, des événements qu’il a décrits dans son premier livre, Une Métamorphose Iranienne (çà et là/arte éditions, 2012). Dans Trois Heures, il raconte comment sa condition de réfugié lui pèse, condamné à ne pas pouvoir revenir dans son pays où il risque la prison à vie, tout en ne se sentant pas encore chez lui en France. Cette condition lui a été cruellement rappelée en 2017, au moment où il s’apprêtait à s’envoler pour le Canada pour présenter son dernier roman graphique et rendre visite à son frère. Bloqué à l’aéroport par la compagnie aérienne qui ne savait pas comment traiter son titre de voyage de réfugié, Mana Neyestani s’est heurté à un mur d’incompréhension.
Trois Heures détaille cette longue attente durant laquelle il ne peut que constater son impuissance et le peu d’attention accordée aux personnes dans sa position. C’est aussi l’occasion pour cet homme timide qui n’ose jamais élever la voix ou défendre ses intérêts de se livrer à un exercice d’introspection.
Un récit poignant, parfois drôle et tout le temps honnête, sur un homme forcé à l’exil mais dont le pays d’accueil le traite encore trop souvent comme un intrus.