Qui connaît aujourd’hui Ernest Thompson Seton (1860-1946) ? Artiste, naturaliste, auteur, défenseur des Indiens et de leur mode de vie connue de la nature et de tous ceux qui la peuplent, Seton a eu raison beaucoup trop tôt. Les questions qu’il soulève sont précisément celles qu’au XXIe siècle nous nous posons : Est-ce que les créatures sauvages n’ont aucun droit, ni droits moraux, ni droits légaux ? Quel droit un homme a-t-il d’infliger une agonie si longue et si horrible à des créatures amies, simplement parce qu’elles n’utilisent pas la même langue que nous ? Les textes de Seton n’ont cependant rien de didactique.
S’ils ont inspiré à Rudyard Kipling son Livre de la jungle et s’ils restent aussi prenants, c’est qu’ils annoncent Jack London. A travers des destins individuels, Seton brosse le portrait non d’une espèce mais d’un être exceptionnel. Seton est indiscutablement le premier écrivain à réussir la synthèse entre histoire naturelle et sens du récit. Nous n’oublierons pas certains de ses héros, Lobo le loup, le Mustang qui tenait l’amble, Tache d’argent, pas plus que nous n’avons oublié Croc-Blanc.
Il sera, et pour toujours, le témoin privilégié de ce que les Américains ont appelé "wilderness" puisqu’il assista à sa disparition.